Une Saison chez Lacan : un voyage sidérant et éclairant
- Romane Carlin
- 9 mai
- 2 min de lecture

Si je devais résumer en une phrase le livre de Pierre Rey Une Saison chez Lacan (1), je choisirais celle-ci, que l’auteur a rédigé dans son chapitre de conclusion intitulé Éthique :
« Je veux dire qu’au lieu d’assujettir mes désirs à mes moyens, décidé à en payer le prix, j’avais trouvé préférable de me créer les moyens de mes désirs – partir du désir pour multiplier sa vie plutôt qu’ajuster ses désirs en les limitant au donné de la vie » (les mots rédigés en gras sont mis en exergue par Pierre Rey).
C’est probablement un enseignement majeur d’une psychanalyse, et aussi, quelle que soit le point de départ et l’objectif de celle-ci, et cela ce n’est pas probable mais certain, celui d’une psychothérapie. Un(e) patient(e) qui vient en psychothérapie pour résoudre une difficulté de vie, se trouve face à un choix : assujettir son désir (la guérison, la solution à sa difficulté donnée/subie par la vie) à ses moyens, c’est-à-dire s’habituer à vivre avec sa difficulté en la maîtrisant peu ou prou, avec le risque que celle-ci reprenne le dessus ou de se laisser submerger par une nouvelle difficulté. Ou se créer les moyens de son désir (guérison, solution) afin de projeter sa vie au-delà de la difficulté présente et des autres difficultés à venir données par la vie, afin de ne pas/ne plus les subir.
Franchir une étape de vie
Grâce à sa psychanalyse, Pierre Rey a inventé une nouvelle forme de best-seller et a ainsi fait fortune. C'est ce qu'il désigne par la formule « multiplier sa vie », qui ne signifie pas vivre plusieurs vies, ce qui est impossible au cours d’une existence terrestre, mais augmenter la puissance de sa vie de manière à ce que celle-ci devienne presque une autre vie, ce que l’on appelle couramment « changer de vie », mais qui consiste en réalité à changer "sa" vie (2), c'est-à-dire franchir une étape de vie pour monter d’un ou plusieurs degrés, comme on gravit un escalier ou une montagne. Parvenir à ne plus « se faire une montagne » d’une difficulté, mais l’utiliser comme une épreuve, un défi, un challenge, qui nous permet d’obtenir un succès en atteignant le sommet, comme un alpiniste remporte une victoire sur la montagne.
Une compréhension supérieure des événements
Une Saison chez Lacan est un livre parfois hermétique pour qui n’est pas familier des arcanes de la psychologie et de la psychanalyse, mais le lecteur y trouvera toujours un sens, et toujours celui que l’auteur a voulu lui donner, et aussi celui que le lecteur trouvera à lui donner à l’aune de l’expérience de sa propre vie et de ses propres désirs. Lors de chocs de vie, à la sidération succède souvent une prise de conscience, une compréhension supérieure des événements de la vie : on ressort de ce livre sidéré, mais après l’avoir refermé, survient, ou surviendra, une prise de conscience, qui, précisément, ouvrira des portes de la conscience.
(1) Une Saison chez Lacan, Pierre REY (éd. Robert Laffont, première publication : 1989).
(2) Lire mon article précédent dans ce blog : Psychothérapie ou coaching ?
Comentários